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La vie secrète des matériaux

Une expérience reposant sur la diffraction d’électrons ultrarapide ouvre une nouvelle fenêtre sur l’univers microscopique

Des chercheurs de l’UniversitĂ©Ěý±«ÓăÖ±˛Ą ont rĂ©ussi Ă  observer simultanĂ©ment la rĂ©organisation de la position des atomes et la distribution des Ă©lectrons au cours de la transformation d’un «ĚýmatĂ©riau intelligentĚý», le dioxyde de vanadium (VO2)Ěý‒Ěýcelui-ci passant d’un semi-conducteur Ă  un mĂ©tal –, au cours d’une pĂ©riode un trillion de fois plus courte qu’un clin d’œil.

±ĘłÜ˛ú±ôľ±Ă©: 27 October 2014

Pour la première fois, grâce Ă  ces travaux qui ont fait l’objet d’un article publiĂ© le 24ĚýoctobreĚý2014 dans la revue spĂ©cialisĂ©e Science, des chercheurs ont pu distinguer les changements qui se produisent dans le rĂ©seau atomique d’un matĂ©riau lors du repositionnement des Ă©lectrons au cours d’un processus ultrarapide. Ces observations ont Ă©tĂ© rendues possibles grâce Ă  la mise au point, par une Ă©quipe de ±«ÓăÖ±˛Ą, d’instruments pouvant ĂŞtre utilisĂ©s notamment par des scientifiques de diverses disciplines pour observer les transformations de courte durĂ©e, mais essentielles, qui se produisent au cours des rĂ©actions chimiques, ou par des biologistes pour comprendre la fonction des protĂ©ines Ă  l’échelle de l’atome. Cette instrumentation ultrarapide combine de façon novatrice des outils et des techniques de la microscopie Ă©lectronique et ceux de la spectroscopie laser.

«ĚýNous avons conçu des instruments et des mĂ©thodes qui nous permettent vĂ©ritablement d’observer la structure microscopique de la matière, Ă  l’échelle de la femtoseconde (un millionième de milliardième de seconde), et qui sont essentiels pour l’étude des processus dans les domaines de la chimie, de la science des matĂ©riaux, de la physique de la matière condensĂ©e et de la biologieĚý», affirme BradleyĚýSiwick, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en science des vitesses ultrarapides Ă  l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą.

«ĚýNous pouvons observer les dĂ©placements du noyau et distinguer ces phĂ©nomènes du comportement des Ă©lectronsĚý», explique BradleyĚýSiwick, Ă©galement professeur agrĂ©gĂ© aux dĂ©partements de chimie et de physique. «ĚýEn outre, nous pouvons dĂ©terminer l’impact de ces changements structurels sur les propriĂ©tĂ©s du matĂ©riau, ce qui est le plus important sur le plan technologique.Ěý»

En tirant parti de ces rĂ©centes avancĂ©es, le groupe de chercheurs a permis de jeter un nouvel Ă©clairage sur un problème de longue date dans le domaine de la physique de la matière condensĂ©e. La transition du dioxyde de vanadium d’un semi-conducteur Ă  un mĂ©tal intrigue la communautĂ© scientifique depuis la fin des annĂ©es 1950. Ce matĂ©riau agit comme un semi-conducteur Ă  basse tempĂ©rature, mais se transforme en un mĂ©tal hautement conducteur lorsque la tempĂ©rature s’élève Ă  60ĚýdegrĂ©sĚýCelsius environĚý–Ěýce qui n’est pas beaucoup plus que la tempĂ©rature ambiante. Cette propriĂ©tĂ© inhabituelle permet Ă  ce matĂ©riau d’être utilisĂ© dans un large Ă©ventail d’applications, allant des commutateurs optiques Ă  grande vitesse aux revĂŞtements intelligents thermosensibles pour fenĂŞtres.

Cette expĂ©rience s’est dĂ©roulĂ©e dans le laboratoire du professeurĚýSiwick, situĂ© au sous-sol du Pavillon de chimie de l’UniversitĂ©Ěý±«ÓăÖ±˛Ą oĂą, en compagnie d’une Ă©quipe d’étudiants aux cycles supĂ©rieurs, il a passĂ© près de quatre ans Ă  Ă©difier soigneusement un rĂ©seau de lasers, d’amplificateurs et de lentilles sur un microscope Ă©lectronique spĂ©cialement adaptĂ© et Ă  monter le tout sur une table en acier sans vibrations.

L’équipe mcgilloise a rĂ©alisĂ© ses travaux en collaboration avec le groupe de recherche de MohamedĚýChaker, du Centre Énergie MatĂ©riaux TĂ©lĂ©communications de l’Institut national de recherche scientifique (INRS), un centre de recherche universitaire situĂ© Ă  l’extĂ©rieur de MontrĂ©al. Les scientifiques de l’INRS ont fourni les Ă©chantillons de VO2 de haute qualitĂ© et extrĂŞmement mincesĚý–Ěýenviron 70Ěýnanomètres, ou 1Ěý000 fois plus petits que la largeur d’un cheveu humain – nĂ©cessaires pour mesurer la diffraction d’électrons ultrarapide.

Les modèles de diffraction fournissent des images à l’échelle atomique de la structure des matériaux à des instants précis de la transformation. Une fois ces clichés séquentiels rassemblés, on obtient un film semblable aux anciens folioscopes.

«ĚýNos travaux ouvrent une toute nouvelle perspective sur l’univers microscopique qui, nous l’espĂ©rons, nous permettra de rĂ©pondre aux questions demeurĂ©es sans rĂ©ponse dans le domaine de la physique des matĂ©riaux et des particules, mais Ă©galement de dĂ©couvrir autant d’aspects encore mĂ©connus. Lorsque vous regardez les choses avec un nouveau regard, vous pouvez voir les choses diffĂ©remmentĚý», affirme le professeurĚýSiwick.

Ces travaux ont Ă©tĂ© financĂ©s par la Fondation canadienne pour l’innovation, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en gĂ©nie du Canada, le Programme des chaires de recherche du Canada, et le Fonds de recherche du QuĂ©becĚý‒ĚýNature et technologies.

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A photoinduced metal-like phase of monoclinic VO2 revealed by ultrafast electron diffraction, par VanceĚýR.ĚýMorrison, RobertĚýP.ĚýChatelain, etĚýcoll., Science, leĚý24ĚýoctobreĚý2014.
DOIĚý: 10.1126/science.1253779

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IMAGE:ĚýProf. Siwick tweaking up the laser in his ±«ÓăÖ±˛Ą lab. CREDIT:ĚýAllen McInnis for ±«ÓăÖ±˛Ą

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