±«ÓăÖ±˛Ą

Rencontre avec Maximilien Laviolette-Brassard, diplômé en médecine

Maximilien Laviolette-Brassard, Kanien’kehá:ka, du territoire mohawk de Kahnawake, a obtenu son diplĂ´me MDCM de ±«ÓăÖ±˛Ą au printemps 2022 et fait maintenant sa rĂ©sidence en urologie Ă  l’UniversitĂ© de Sherbrooke. Il nous parle de sa formation, de l’impact du docteur Kent Saylor et du Programme autochtone des professions de la santĂ© dans son parcours et du sens de la JournĂ©e nationale de la vĂ©ritĂ© et de la rĂ©conciliation Ă  ses yeux.

Ěý

Pourquoi avez-vous choisi d’étudier Ă  ±«ÓăÖ±˛Ą? Dans le processus d’admission en mĂ©decine dans le contingent autochtone [Programme des facultĂ©s de mĂ©decine pour les Premières Nations et les Inuits au QuĂ©bec], le Dr Kent Saylor et d’autres Ă©tudiants autochtones de ±«ÓăÖ±˛Ą ont prĂ©sentĂ© le curriculum de santĂ© autochtone et le campus, avec la Maison des peuples autochtones et les autres ressources. J’ai trouvĂ© que c’était un bon fit et comme j’avais fait toutes mes Ă©tudes en français, c’était un beau dĂ©fi d’apprendre la mĂ©decine en anglais.

Pourquoi vous êtes-vous orienté en médecine? J’ai fait mes études en biochimie à l’Université de Montréal, puis j’ai débuté une maîtrise en recherche à l’Hôpital Sainte-Justine sur le syndrome métabolique pédiatrique. Je trouvais la science très intéressante, mais la connexion avec les autres me manquait un peu. De plus, j’étais intéressé à bien comprendre le fonctionnement du corps humain. Pratiquer dans le domaine de la santé, plus particulièrement devenir médecin m’intéressait beaucoup. Cependant, il y avait beaucoup d’obstacles, je ne croyais pas que c’était possible. Quand j’ai su que le contingent existait et comme j’avais fait beaucoup d’études en sciences, j’ai essayé, et ça a fonctionné!

Comment dĂ©cririez-vous votre expĂ©rience Ă  ±«ÓăÖ±˛Ą, en gĂ©nĂ©ral et en tant qu’étudiant autochtone? Durant mes Ă©tudes en mĂ©decine Ă  ±«ÓăÖ±˛Ą, j’ai eu la chance de rencontrer des amis extraordinaires et j’en suis très reconnaissant. J’ai beaucoup appris sur le plan humain et j’ai Ă©tĂ© exposĂ© Ă  plusieurs milieux de stages qui desservent des populations variĂ©es. Mon parcours en mĂ©decine ma fait rĂ©aliser qu’il y a encore beaucoup de travail Ă  faire au niveau du bien ĂŞtre des Ă©tudiants en mĂ©decine. Ayant rĂ©cemment perdu une amie et collègue de classe, je me suis donnĂ© comme dĂ©fi de militer en faveur de l’amĂ©lioration du bien-ĂŞtre des apprenants mĂ©decins. Chose qui n’est malheureusement pas assez valorisĂ©e au sein de la FacultĂ© de mĂ©decine de l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą.

Comme Ă©tudiant autochtone Ă  ±«ÓăÖ±˛Ą, j’ai trouvĂ© qu’il y avait un bon soutien, particulièrement grâce au Dr Saylor et Ă  Alex Allard-Gray du Programme autochtone des professions de la santĂ©. De plus, la Maison des peuples autochtones est un atout unique Ă  ±«ÓăÖ±˛Ą et apporte une ambiance chaleureuse. Dans les milieux hospitaliers de ±«ÓăÖ±˛Ą, j’ai malheureusement Ă©tĂ© tĂ©moin de racisme Ă  plusieurs reprises. Le rĂ©seau de la santĂ© de l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą doit reprĂ©senter un safe space pour tous les individus et cela, peu importe leur nation. Il y a encore beaucoup de travail Ă  faire pour y parvenir…

Avez-vous des suggestions pour rendre la FacultĂ© de mĂ©decine et des sciences de la santĂ© plus accueillante pour les Ă©tudiants autochtones et pour amĂ©liorer l’enseignement sur la santĂ© autochtone? Premièrement, le curriculum en santĂ© autochtone est un point fort du programme Ă  ±«ÓăÖ±˛Ą. Dès la première journĂ©e, tous les Ă©tudiants en mĂ©decine commencent avec une activitĂ© en petits groupes sur la santĂ© autochtone, oĂą on casse plusieurs prĂ©jugĂ©s sur les Premières Nations et Inuits. On a ensuite des cours en santĂ© autochtone pendant quatre ans. Je crois que c’est un bon dĂ©part pour aider les Ă©tudiants allochtones Ă  mieux comprendre l’histoire et la culture des peuples autochtones du Canada.

Une chose qu’on pourrait amĂ©liorer, c’est d’avoir plus de communications avec les universitĂ©s francophones. Pendant mes Ă©tudes, les Ă©tudiants autochtones des trois facultĂ©s francophones organisaient des activitĂ©s ensemble, mais ±«ÓăÖ±˛Ą en faisait rarement partie. Je ne sais pas si c’est Ă  cause de la barrière de la langue. De plus, je crois qu’il devrait y avoir plus d’opportunitĂ©s pour faire des stages de mĂ©decine en communautĂ© Ă©loignĂ©e afin de mieux comprendre la rĂ©alitĂ© de chacun.

Pourriez-vous nous parler un peu de votre travail actuel? Je fais ma résidence à l’Université de Sherbrooke, en urologie. Je ne sais pas encore si je vais travailler dans un centre tertiaire ou dans un hôpital communautaire. Si je travaille dans un grand centre à Montréal, par exemple, je pourrais desservir les populations autochtones urbaines et ma communauté de Kahnawake, qui est seulement à 15 minutes de route.

Pourquoi avez-vous choisi l’urologie? J’ai choisi l’urologie parce que j’ai développé un intérêt pour la chirurgie ainsi que pour la santé sexuelle durant mes études en médecine. De plus, cette spécialité offre plusieurs traitements médicaux et chirurgicaux; il y a beaucoup de variété, très peu de routine. J’ai trouvé que c’est ce qui allait le mieux avec moi, ma personnalité.

Est-ce qu’il y a des besoins particuliers en urologie dans votre communauté qui ont contribué à votre choix? J’ai d’abord choisi l’urologie en fonction de ce que je me voyais faire pour le reste de ma vie. Mais plus j’avance dans ma résidence, plus je réfléchis à comment je pourrais, avec mon bagage, ma spécialité, redonner à ma communauté. Je me pose cette question tous les jours, parce que je sais que le besoin est là. Tout le monde peut avoir besoin d’un urologue, autant à Montréal que dans une communauté éloignée.

La deuxième Journée nationale de la vérité et de la réconciliation approche. Que signifie-t-elle pour vous, comme personne autochtone et comme professionnel de la santé? Je pense qu’il est important de se rappeler que la colonisation est encore présente aujourd’hui et qu’il faut continuer de se battre pour promouvoir l’accès aux soins de santé de qualité aux peuples autochtones. La réconciliation est un processus continu et il faut continuer à travailler fort pour établir un cadre de vie commune fondé sur le respect. Cette journée est spéciale pour moi, car elle représente la résilience et l’espoir.

Pour terminer, je souhaite m’épanouir en tant que futur chirurgien et m’engager dans un apprentissage continu dans l’objectif d’améliorer la santé et la qualité de vie de mes futurs patients autochtones.

Souhaiteriez-vous ajouter quelques mots en conclusion? Je trouve ça formidable que ±«ÓăÖ±˛Ą donne autant de visibilitĂ© Ă  la santĂ© autochtone Ă  travers ses plateformes, c’est une des universitĂ©s au QuĂ©bec qui le fait le plus, et c’est fantastique, il faut continuer!

Ěý

Ă€ lire aussiĚý:

Admissions aux Ă©tudes mĂ©dicales de premier cycleĚý: Candidats autochtones

Programme autochtone des professions de la santé

First Peoples’ House


Photo: Maximilien Laviolette-Brassard avec sa mère Lola Laviolette

Back to top