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Pour ±«ÓăÖ±˛Ą, ce n’est pas une manifestation pacifique

Ce texte d’opinion a été publié en français dans le 22 mai 2024

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La souffrance humaine causĂ©e par le conflit au Moyen-Orient affecte profondĂ©ment bon nombre de gens partout dans le monde, y compris Ă  l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą. La tristesse, la colère et l’anxiĂ©tĂ© se sont immiscĂ©es dans notre quotidien, et surtout dans la vie des membres de notre communautĂ© qui entretiennent des liens personnels avec la rĂ©gion.

Les points de vue divers, et souvent opposés, donnent lieu à de vifs débats. Des membres de communautés universitaires et des personnes de l’extérieur convergent vers les universités pour faire entendre leur voix.

Pour favoriser l’enseignement, l’apprentissage et la recherche, les universités doivent ouvrir la porte aux débats et à la remise en question des conventions. C’est pour cette raison qu’il faut protéger le droit de manifester, peu importe la cause. Toutefois, sur de nombreux campus, la situation actuelle outrepasse les limites de la manifestation.

Depuis le 27Ěýavril, un campement propalestinien occupe le campus du centre-ville de l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą et continue de s’étendre. Des centaines de personnes, masquĂ©es pour la plupart, disent vouloir rester sur les lieux tant que l’UniversitĂ© ne coupera pas ses liens avec IsraĂ«l.

Nous avons discutĂ© en toute bonne foi avec les participants et avons tentĂ© de parvenir Ă  une entente, notamment en leur faisant les propositions suivantesĚý:

  • Ă©tudier la possibilitĂ© de dĂ©sinvestir, sans Ă©gard Ă  la situation gĂ©ographique et dans le respect de nos valeurs, dans des entreprises dont les revenus proviennent en grande partie du marchĂ© des armes, conformĂ©ment Ă  nos politiques en vigueur, et de manière accĂ©lĂ©rĂ©eĚý;
  • intensifier les liens entre l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą et des Ă©tablissements de Gaza et de Cisjordanie, et fournir un soutien d’urgence aux Ă©tudiants et aux chercheurs dĂ©placĂ©sĚý;
  • Ă©tendre la divulgation des placements de l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą aux avoirs en actions d’une valeur infĂ©rieure Ă  500Ěý000Ěý$, lorsque cela est possible.

Ailleurs dans le monde, des manifestants ont vu dans des offres similaires une démarche constructive et ont conclu des ententes avec des administrations universitaires.

Pourtant, Ă  l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą, les occupants continuent d’éviter les Ă©changes sĂ©rieux.

Les participants demandent principalement Ă  l’UniversitĂ© de cesser d’investir dans certaines organisationsĚý– y compris des Ă©tablissements universitaires – en raison de leur situation gĂ©ographique, et de couper tous les liens avec elles. Une telle mesure entraverait la mission de l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą et sa capacitĂ© Ă  offrir un milieu sain et sĂ©curitaire.

D’expĂ©rience, nous savons que c’est en adoptant une position neutre sur les conflits gĂ©opolitiques que notre universitĂ© soutient le mieux l’ensemble de sa communautĂ©, dont les 50Ěý000Ěýmembres ont des opinions politiques, des identitĂ©s, des origines et des croyances diverses, et embrassent des causes diverses. Par leur formation, les Ă©tudiants et les chercheurs n’hĂ©sitent pas Ă  remettre en question les idĂ©es reçues et Ă  contester les instances dirigeantes. L’avancement du savoir n’est possible que dans un milieu inclusif oĂą il est possible d’exprimer des points de vue variĂ©s et de tenir des conversations difficiles.

Une occupation illégale

Cependant, le recours Ă  l’intimidation va Ă  l’encontre de nos valeurs. La situation en cours Ă  l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą n’est pas une manifestation pacifiqueĚý: il s’agit d’une occupation illĂ©gale.

Des barricades entourent le campement, et les participants refusent l’accès à certaines personnes, y compris aux pompiers et aux policiers, et ont bloqué la sortie d’urgence d’un immeuble. De nombreux graffitis blasphématoires ont également été peints sur nos immeubles patrimoniaux.

Qui plus est, le campement attire des contre-manifestations. Il y a quelques semaines, deux groupes composĂ©s de centaines de personnes se sont retrouvĂ©s sur notre campus, sĂ©parĂ©s par environ 100Ěýagents de police. Lors de ce genre d’évènements, les slogans scandĂ©sĚý– quelle que soit leur nature ou leur origine – perturbent les gens et crĂ©ent un sentiment d’exclusion et d’insĂ©curitĂ© chez certains membres de notre communautĂ© universitaire.

Nous avons été contraints de trouver un autre lieu pour nos cérémonies de collation des grades du printemps. Nos nouveaux diplômés ne pourront donc pas vivre ce grand moment sur notre magnifique campus du centre-ville, comme le voudrait la tradition.

Tout récemment, des membres de la haute direction de l’Université et leurs familles ont été intimidés à leur domicile par des groupes ayant des liens évidents avec le campement. Ce harcèlement est inadmissible.

Dès le début, nous avons collaboré avec les forces de l’ordre, à qui nous avons fait appel pour mettre fin à l’occupation dans le calme.

Nous déployons d’importants efforts pour assurer un climat de sécurité pour chaque membre de notre communauté. Cela dit, pour préserver ce climat, il nous faudra mettre en place une action plus coordonnée.

La recherche d’une solution Ă  un conflit qui dure depuis des dĂ©cennies dĂ©passe le mandat et les moyens de n’importe quelle universitĂ©. Les campements Ă©tablis Ă  l’UniversitĂ© ±«ÓăÖ±˛Ą et sur d’autres campus font ressortir les tensions et les divisions qui se sont grandement intensifiĂ©es dans la sociĂ©tĂ© canadienne depuis le 7Ěýoctobre. Ces problèmes ne touchent pas que les universitĂ©sĚý– ils sont rĂ©gionaux et nationaux.

Dans leur recherche de solutions efficaces et pacifiques, les universités doivent pouvoir compter sur la collaboration et la détermination des représentants de tous les ordres de gouvernement.

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